Démarche artistique

Ma recherche picturale se développe autour de la trace et de l’empreinte. Elle s’inscrit dans une longue pratique de la collecte. La matière à l’état brut, les objets, les images, les matériaux sont autant d’éléments glanés au quotidien, dans la nature comme auprès des gens que je rencontre. J’aime détourner ce qui est usagé, donner une seconde vie à ce qui est perdu ou oublié, dans une oeuvre à la fois nouvelle et enrichie de ce qui a été. Expérimenter, faire, défaire, coudre, coller, déchirer, « empreinter »…autant de manières de mieux regarder autour de moi, d’être ouverte à l’échange, de rendre visible ce qui est banal.
J’ai recours à différentes techniques (peinture, gravure, photographie, collage, terre…) que je pratique conjointement ou non. Elles s’enrichissent mutuellement, et révèlent des constantes : la quête du relief et le souci de la matière, la recherche autour de la lumière, du visible et de l’invisible. Elles permettent également le questionnement sur le multiple, la répétition, le rythme, l’articulation entre les éléments.
Une affinité particulière avec le textile sous-tend mon travail. Est-ce d’avoir longtemps fréquenté l’atelier de couture maternel, ou d’avoir appris les techniques du tissage ? Mémoire visuelle et tactile, le tissu et la fibre deviennent supports aussi bien que matières à insérer, à absorber ou à superposer.
Avec la gravure, la matière devient matrice, elle offre la richesse du gaufrage, les contrastes de couleurs. Noir, Blanc, Silence. La lumière glisse et dévoile ce que l’œil n’avait pas perçu tout d’abord. Ainsi créer met en jeu le corps, l’utilisation des mains, le toucher et la vue, la sensualité, la transformation.
La création artistique pour moi garde des traces de la pratique de l’artisan. Elle est, au croisement entre les différents matériaux, l’expression d’un cheminement intérieur comme d’une ouverture vitale à l’autre. À ce titre la réflexion de Fautrier éclaire, me semble-t-il, parfaitement ma démarche : « Aucune forme d’art ne peut donner d’émotions, s’il ne s’y mêle une part de réel. Si minime soit-elle, si impalpable, cette allusion, cette parcelle irréductible est comme la clef de l’oeuvre. Elle la rend lisible, elle en éclaire le sens, elle ouvre sa réalité profonde… »

Marie-Odile Wagner

" Dans les œuvres, divers matériaux et techniques sont associés. Ainsi on retrouvera le papier avec le textile et la peinture, ou la sculpture en céramique associée au papier, ou encore l'acier associé au Plexiglas, etc… "